mercredi 12 février 2020


Éditorial

Situation économique, sociale et sécuritaire au Mali

Pays à faible revenu, le Mali connait une économie agricole exposée à la fluctuation du prix des biens et services. Cette fluctuation économique contraint ainsi, le peuple à la dépendance des effets pervers de la récession économique actuelle. Parmi les populations concernées, les enfants sont les plus touchés de la problématique économique, sociale et sécuritaire. Institutionnellement, la stratégie de mise en œuvre de la politique économique, sociale et sécuritaire n’est pas souvent opérationnelle parce que les instruments privilégiés manquent de pertinence. C’est la raison pour laquelle nous nous intéressons sur l’impact de la situation économique, sociale et sécuritaire au Mali et leur conséquence sur les investissements en général et sur la vie des enfants. Pour parvenir, on est parti du postulat que la structure économique malienne a été paralysée par le conflit armé depuis 4 ans, extrêmement violent (massacres, assassinats ciblés, disparitions forcées, prise d’otages, voir toutes les formes de violence) qui a affecté par conséquent la population en majorité et les enfants en particulier. Malheureusement cette population bénéficie très peu de mesures d’accompagnement adéquat du gouvernement malien.  C’est la raison pour laquelle nous allons analyser la situation économique, sociale et sécuritaire et leur conséquence sur les investissements et sur la vie des enfants au Mali. Sur le plan économique, on estime une diminution des activités économiques nationales de 4,9% et, 80% au centre-Mali (Banque, 2018). La fragilité de cette économie est caractérisée par 2 natures, la nature endogène et la nature exogène. Par la nature endogène, il s’agit des violences actuelles perpétrées qui sévirent dans le pays et la baisse des investissements privés nationaux à hauteur de 2% (Banque mondiale, 2019). Par la nature exogène, il s’agit des chocs extérieurs du commerce international des biens et services échangeables. Par cette nature on constate un solde déficitaire moyen de 6,2% au cours de l’année 2018. Par conséquent, le chevauchement de la baisse des investissements et le déficit commercial moyen annuel a permis la baisse du revenu national de 2% et une réduction de la croissance économique de 4,9% malgré l’accroissement de la production d'or de 21 % et de 25% du coton. Pour parvenir à couvrir ce déficit, le gouvernement a fait un appel d’investissements directs étrangers de 60 % et d’emprunts extérieurs de 40%, alors que la situation sécuritaire n’est pas garantie (Banque mondiale, 2017). Au plan social, la fragilité économique et sécuritaire a conduit le Mali à la 182è/188è échelle en termes d’indice de développement humain (PNUD, 2019). Le Mali déjà exacerbé par la sécheresse, les conflits communautaires vit dans une extrême pauvreté monétaire estimée environnent à 50% par la population nationale. Autrement, si on ramène ses enjeux économiques, social et sécuritaire sur la vie des enfants de la nation, nous ne sommes pas loin des enfants dont l’avenir est presque hypothéqué et vouées à l’échec. Parce que l’éducation est en ruine dans la localité en conflit armé et inter communautaire. Il serait difficile, de conclure aussitôt les impacts indirects et directs sur la vie des enfants. Mais sur la base des données dont nous avions à notre disposition, il y a bientôt 7 ans on constate une recrudescence de la déscolarisation des enfants. Par les échos qui nous parviennent, on dénombre près 80% des enfants  de 6 à 17 ans dans le centre Mali sont devenus des combattants du conflit communautaire. La récession économique conduite dans ses localités a conduit à une insécurité génocidaire  fragilisant de passage le tissu social et des conséquences sur la vie des enfants. En conclusion, la gestion de la situation économique , sociale et sécuritaire  échappe au gouvernement et à ses partenaires. Les enfants sont les véritables victimes de cette dégradation avec une déscolarisation totale dans le centre et de 50% dans les localités instable (Source locale, 2019). Ils vivent dans la vulnérabilité, la pauvreté, dans la culpabilité la plus totale de l'ère de notre pays.  « [Ils] ont conduit, à nous piller nos biens, à brûler et incendier nos maisons, nos cases, nos greniers, nos brousses, nos bétails nos maris et nos enfants. Pour nous les personnes, avant, pour ce qui le savent, les femmes faisaient les foires et maintenant on peut plus, les hommes cultivaient la terre et maintenant on ne peut plus cultiver. Nous sommes devenus infirmes [aux bras croisés]  à force de la violence meurtrière. Nous avions le cœur qui saigne, des hommes, des femmes et des enfants sont morts. Qui croyait cette criminalité génocidaire, personne ne nous fait du mal, c’est la MINUSMA, le véritable complice de ses meurtres chez nous au centre. À savoir, si l’enfant pleure, il tète sa mère, et nous, nous volons la tête du commandant de la région et de toutes les autorités lâches sans vergogne (Présidente des femmes dogon, 2019)».
Dr Boukary Kassogué chercheur enseignant à l’IPR/IFRA de Katibougou

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